Elsa Lorthe, Viviane Richard, Roxane Dumont, Andrea Loizeau, Javier Perez-Saez, Hélène Baysson, María-Eugenia Zaballa, Julien Lamour, Nick Pullen, Stephanie Schrempft, Rémy P. Barbe, Klara M. Posfay-Barbe, Idris Guessous, Silvia Stringhini pour le groupe d'étude SEROCoV-KIDS.
Socioeconomic conditions and children's mental health and quality of life during the COVID-19 pandemic: An intersectional analysis. SSM - Population Health, September 2023. doi.org/10.1016/j.ssmph.2023.101472

Résumé

Contexte: Les enfants, les adolescentes et les adolescents sont très vulnérables aux sources de stress prolongées pendant les périodes sensibles de leur développement. Nous avons étudié la manière dont les caractéristiques démographiques et les conditions socioéconomiques s’entrecroisent pour façonner des tendances en termes de qualité de vie et de santé mentale chez les enfants, les adolescentes et les adolescents, deux ans après le début de la pandémie de COVID-19.

Méthodes: Nous avons utilisé des données tirées de l’étude de cohorte prospective SEROCoV-KIDS composée d’enfants, d’adolescentes et adolescents vivant à Genève (Suisse, 2022). Nous avons mené une analyse intersectionnelle (MAIHDA) multiniveaux en regroupant les participant-es en 48 strates sociales définies par l’intersection du sexe, de l’âge, du statut migratoire, de l’éducation parentale et des difficultés financières au sein du foyer, et en utilisant des modèles logistiques bayésiens multiniveaux pour étudier la mauvaise qualité de vie liée à la santé (mesurée avec l’échelle PedsQL ) et les difficultés en terme de santé mentale (mesurée au moyen du questionnaire SDQ).

Résultats: Parmi les participant-es âgé-es de 2 à 17 ans, 240 sur 2096 (11.5%, IC 95% 10.1-12.9) présentaient une mauvaise qualité de vie liée à la santé, et 105 sur 2135 (4.9%, IC 95% 4.0-5.9) avaient des difficultés en termes de santé mentale. La proportion prédite de mauvaise qualité de vie liée à la santé variait de 3.4% pour les jeunes filles suisses âgées de 6 à 11 ans avec un haut niveau d’éducation parentale et sans difficultés financières, à 34.6% pour les jeunes filles non suisses âgées de 12 à 17 ans avec un haut niveau d’éducation parentale et des difficultés financières. Les strates intersectionnelles impliquant des adolescents et des foyers en difficulté financière montraient une qualité de vie nettement moins bonne que celle de leurs homologues. Les variations entre strates en ce qui concerne la fréquence prédite des difficultés de santé mentale étaient limitées (entre 4.4% et 6.5%).

Conclusions: Nous avons constaté des différences considérables en termes de résultats défavorables entre les strates sociales. Nos résultats suggèrent qu’après la pandémie, les interventions visant à remédier aux inégalités sociales en matière de qualité de vie devraient se focaliser sur des strates intersectionnelles spécifiques impliquant des jeunes et des familles en proie à des difficultés financières, tandis que celles visant à améliorer la santé mentale devraient cibler tous les enfants, les adolescentes et les adolescents.

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